Quand théâtre et poésie viennent au chevet de la course à pied
Essoufflé et à l’arrêt sur le bord du chemin,
Je prenais le temps de reprendre ma respiration après ce bon entrainement du dimanche matin
Quand soudain, un badaud m’ayant visiblement observé, vint de ce ton sec m’interpeller
Le passant :
Vous ! Vous avez une foulée … une foulée trop longue !
Moi :
Ah ! Non ! C’est un peu court, jeune homme !
On pouvait bien dire … Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme
En variant le ton, -par exemple, tenez :
Agressif : Moi, Monsieur, si j’avais une telle foulée
Il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse
Amical : Mais peut-être auriez-vous un peu plus de classe
Si vous ne courriez avec vos échasses ?
Descriptif : C’est un bond ! … C’est un saut ! … C’est un gap !
Que dis-je, c’est un gap ? … c’est un saut de kangourou !
Curieux : De quoi sert de prendre ses jambes à son cou ?
De s’enfuir, Monsieur, ou provoquer une blessure ?
Gracieux : Aimez-vous à ce point vos montures
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De ne point les usées avec vos petites pattes ?
Prévenant : Gardez-vous, votre corps entrainé
Par cet élan, tomber en avant sur le nez !
Tendre : Faites faire des ressorts à vos pieds
De peur qu’un jour vous ne puissiez redécoller !
Cavalier : Quoi l’ami, ce jog est à la mode ?
Pour divertir la foule, c’est vraiment très commode !
Naïf : Ce pont Normand, quand le visite-t-on ?
Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit !
Interloqué, le passant ne fit que passer ; surpris, abasourdi par ce langage d’un autre temps
Et quand à moi vous l’aurez compris, d’humeur badine, je repartis en repensant à Edmond *
Car de temps en temps, en courant, l’esprit, lui aussi, est vagabond.
* Edmond, pièce de théâtre d'Alexis Michalik sur le jeune Edmond Rostand et l’écriture de la pièce Cyrano de Bergerac – Au théâtre du Palais Royal à Paris
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